Péricardite aiguë

Les anomalies électrocardiographiques de la péricardite sont non spécifiques et parfois difficiles à distinguer d’une atteinte ischémique. Elle se reconnaît typiquement à un sous-décalage du segment PR, présent dans la majorité des dérivations. Les troubles de la repolarisation qu’elle entraîne sont très proches de celles de l’ischémie-lésion; le segment ST est d’abord surélevé, sa convexité est inférieure, en “dos de chameau”. Ce segment retrouve ensuite progressivement la ligne isoélectrique en même temps que diminue l’amplitude d’une onde T qui finalement va se négativer. En V5, l’amplitude du sus-décalage de ST, rapportée à l’amplitude de l’onde T est > 0.25: un rapport < à 0.25 plaide pour une repolarisation précoce. Les signes électriques de péricardite sont réputés diffus, mais en réalité ne le sont pas constamment. Occasionnellement, la péricardite aiguë déclenche des troubles du rythme, presque exclusivement supraventriculaires (fibrillation auriculaire). Il n’y a cependant jamais d’onde Q pathologique de nécrose. De plus, les modifications sont généralement diffuses et étendues sans la systématisation des anomalies coronaires. Il y a généralement 4 phases dans l’évolution de la péricardite:

  1. Un sus-décalage concave diffus du segment ST, différent de celui de l’infarctus du myocarde. On parle souvent d’une image en “selle de chameau”.

  2. Le sus-décalage diminue avec un retour du segment ST à la ligne isoélectrique et une morphologie biphasique ou aplatie.

  3. Une inversion de l’onde T, dont la profondeur n’est pas très importante, d’aspect négatif et symétrique, assez semblable à l’inversion des ondes T d’origine ischémique.

  4. Une phase chronique avec une normalisation progressive de l’onde T qui devient moins négative et reprend sa positivité normale.

Il y a de plus un sous-décalage du segment PR, dans la majorité des dérivations sauf en aVR et V1 où le PR est sus-décalé. Le tracé ci-après est exemplaire avec toutes les anomalies citées ci-dessus.

Sus-décalage diffus du segment ST, avec sous-décalage du PR en II et sus-décalage en aVR et V1 dans le cadre d’une péricardite aiguë.

Un épanchement péricardique, lorsqu’il est abondant, diminue l’amplitude des QRS sur l’ensemble du tracé. Il y a parfois une alternance des complexes QRS (amplitude variant d’un complexe à l’autre).

Il est fréquent d’hésiter entre infarctus et péricardite surtout au début de l’évolution, quand l’onde Q n’est pas encore apparue dans le cas de l’infarctus.